mardi 11 février 2014

TAM TAM

TAM TAM

Le parc, c'est un lieu de rencontre. Nos parents, tous les samedi soir, s'y rassemblent. Les jeunes enfants jouent dans les sentiers bien entretenus qui menent à la piscine pouvant ainsi se rafraîchir avant que la fête commence. L'harmonie de la ville nous fait don de concert gratuit, c'est tout un plaisir de danser au son des airs bien connus. Toutes belles, nos mamans dans leur robe toute neuve et leur joli sac à main, se pavanent, fières de leur marmaille et de leur homme. Il fait bon entendre les rires des nos pères qui, tirant sur leur cigarette, commentent les derniers événements de la semaine, admirant de loin leur femme, et quelquefois celle du voisin!

La crème glacée molle ou la barbe à papa que nous dégustons avant les feux et le discours remerciant les élus de si bien traîter ses citoyens en leur offfrant de si belles soirées, servent à calmer nos esprits étourdis de temps de bruit puis ensuite, viennent les feux d'artifices! Les applaudissements, les cris d'enchantement, le festin de couleurs et de formes dans le ciel, c'est la joie, la joie pure.

Puis les feux se sont éteint. Puis la musique s'est tu. Le parc déserté, abandonné a continué de vieillir sans nous. Les balançoires, poussées par le seul vent, faisant grincher ses chaînes rouillées en guise d'invite, restent vides. Tout est triste.Finies les soirées familiales. Finis les cris enchantés des enfants heureux. Finis les rires gras de nos pères et la barbe à papa. Quelques années sont passées, les élus ont enterré la piscine, semé un joli gazon vert, avec dessus un écriteau indiquant de ne pas y passer. Et tous ont oublié le parc.

Mais ce printemps-ci, de jeunes adultes chômeurs, suivent leurs pas de désoeuvrés, se retrouvent là, dans ce parc abandonné.   Un, puis deux, puis un autre … Ils s'apprivoisent, partagent leur ennui. Puis un pain fromage. Et pourquoi pas un bon vin avec ça?  Un petit joint ici et là, c'est illégal, mais toléré encore ... On roule sur le comptoir du bar, à la table du resto, ça dérange vraiment personne. Et sans se connaître, ces jeunes adultes se reconnaissent. T'as vu ma flûte? Moi, j'ai une guitare. Moi, j'aime bien chanter. Moi danser. Puis, au son du tam tam qui donne le rythme, le son monte. Avec le son du tam tam, monte la colère. Nous avons été leurrés. On nous a menti. Le père Nowel, et le bonhomme sept heures, c'est tout faux! Alors, les bondieuseries et l'histoire du canada? C'est vraiment vrai? Et la colère monte car je sais.

J'AI ÉTÉ ASSASSINÉE.  MON PEUPLE A ÉTÉ ASSASSINÉ.  ASSASSINS PRENEZ GARDE

Mon aieul abdiquant en se rendant dans une mission *chrétienne*, s'est fait voler son nom. On a troqué sa survie et celles de ses enfants contre sa culture, ses traditions, son mode de vie. Ses dieux.  Son respect de la vie et de la terre aussi. On lui a promis la guérison. La guérison de maladies qu'ils avaient eux-même semées au sein de sa tribu et des tribus avoisinantes. On lui a volé son âme, ses ancêtres, ses terres. Ses enfants. Au son des tam tam ma colère monte.

Des tribus entières ont été exterminées et nous, petits-enfants de nos aieux, savons.
Et le massacre continue. Ailleurs. Assasins et complices silenceux, la mémoire endormie se réveillera et les descendants survivants de vos crimes contre l'humanité se souviendront.

Au son des tam tam la colère monte.
La colère contre l'humanité inhumaine.







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