Renaissance
Je reviendrai
en ce monde
merveilleux
malgré les
tempêtes
et les
siècles qui passent
je ne peux me
résoudre
à quitter à
tout jamais
ce palais
qu'est la vie
les gens
changent avec les temps
les gens
changent avec les gens
nous restons
malgré tout
toujours de
grands enfants
sans souvenir
et sans mémoire
sans foi ni
loi
comme si
aujourd'hui
c'était la
fin du monde
et que jamais
d'autres temps
ne nous
avaient appartenu.
En ce onzième siècle de
notre ère, vit une jeune femme fortement courageuse. Malgré le
fait qu'elle tremble devant le sentiment d'urgence qui l'habite
depuis son opinion faite, sa décision est prise. Malgré les
risques qu'elle comporte, l'effrayant et l'attirant, la tenant en
éveil tard le soir ou tôt aux petites heures du matin sa décision
reste irréversible. Un sentiment d'aventure, plus grand encore que
ses craintes, nourit son âme et rien ne la fera changer d'avis.
Elle partira vers ce faisceau de lumière qui depuis quelques jours
fascine et effraie tout le clan. Un torrent de grèle tombé du ciel,
la fureur du vent infiltré jusqu'aux abris les plus sûrs, un ciel
apesanti coloré de noir a alarmé toute la tribu. Puisqu'elle est la
seule à entendre cet appel intérieur qui l'attire vers les
montagnes menacantes de l'horizon, la solitude sera son compagnon.
Tandis que tous les gens
au regard sombre et triste sont menés d'une démarche funèbre hors
du village, s'éloignant le plus loin possible du faisceau menaçant,
elle, planifie se rendre au cœur de ces monts tremblants. Ces monts
cachant sans doute des dangers tous plus effrayants les uns que les
autres, ces montagnes éloignées certe mais tout de même menaçantes
qui risquent de s'effondrer, de prendre feu, de tout anéantir de
lui ravir sa vie. Mais attendre patiemment ici la destruction, la
mort, ou fuir .. .
s'armer de bravoure
demande moins de courage que l'attente exigerait de patience
ou la fuite d'humilité,
alors elle se prépare à partir priant ses dieux.
Ses dieux la protégeront
des dangers qu'elle pressent dans son sommeil agité. La bise qui
s'infiltre dans sa grotte pourtant bien protégée, l'angoisse et le
stress secouent son corps fiévreux de stress. Depuis trois lunes
qu'elle observe cette colonne lointaine qui s'habille de rouge
lumineux tout juste avant que ne se taisent les champs. L'accalmie
règnant alors emplit l'air d'une chaleur tiède... Tombe ensuite
une douce pluie chaude, comme une promesse que le temps a terminé de
manifester sa colère mais après quelques heures, la colonne de feu
reprend sa paleur initiale et le ciel tombe, dru, dur, glacial. Elle
attend donc le signal de l'horizon rouge avant d'affronter ses
craintes, de partir.
Fonçant vers l'inconnu,
elle dompte ses peurs et ses angoisses. L'herbe des champs, noyée,
tombe affaissée de trop de pluie. Les gémissements de Brasélia
accompagnent le vent mais elle continue tout-de-même d'avancer.
Elle s'agrippe aux herbes encore hautes qui tentent désespèrément
de se retenir au sol ramolli. Seules les racines les plus fortes
touchent encore sec. Brasélia fonce. Défonce ces herbes encore
hautes. Trempée de sueur et de peur, rampant plus que marchant,
elle combat le sol qui veut la boire. Ses pieds lourd, embourbés,
ont peine à suivre le chemin qui mène à la lumière. Brasélia
redouble d'effort, s'essouffle. Elle appercoit enfin le sous-bois.
Il fera bon s'y reposer. Plus que quelques pas. Un grand chêne
s'agite au-loin, gesticule de ses branches, comme pour appeler.
Brasélia tombe, engloutit par la fange, bouffée par la terre.
NON NON
!!!
Elle
rampe, s'étouffe, suffoque. Tout se vêt d'ombre et de noir.
Un
murmure sourd tire Brasélia de son sommeil et la ramène peu à peu
à la conscience. L'odeur nauséabonde qui lui pique le nez finit
de la réveiller tout à fait. Elle hésite à ouvrir les yeux tant
les bruit insolites qui l'entourent en sont de plaintes et de
douleurs. Tout à coup, une gifle. Les yeux exorbités, elle tremble
au spectacle qu'elle découvre.
L'eau
du fleuve déborde de son lit en un orageux torrent emportant tout
sur son passage. Seuls les arbres grands et forts restent debout
devant cette mer trouble et imprévue.
Des
cadavres flottent sur l'eau. Tous les grands arbres tiennent sur
leurs branches des rescapés épuisés. La vie de Brésila ne s'est
pas éteinte …
Le
grand chêne qui gesticulait tantôt l'a happée au passage. Blottie
dans un profond sillon de son tronc, campée près d'une grosse
branche tordue de l'arbre, elle remercie ses dieux de lui prêter
encore vie. Le chêne, encore droit malgré la tempête, tente
désespérément de s'arracher au fleuve colérique. Chacun de ses
gestes fait trembler la terre qui se laisse emporter. Les racines
saignantes tombent, leur cambium atteint de mille parasites luttant
eux aussi pour leur survie. Des nuées de moustiques attaquent les
ilôts de vie qui résistent encore. Un grand frêne fouette l'air
de ses samares avant de tomber, emporté par le courant. On ne voit
plus que la cime d'un peuplier ça et là tentant désespérément de
rester droit. Les saules ont cessé de pleurer et nagent maintenant
, toutes branches agitées, vers la montagne qui brille au loin.
Les épinettes, rouges de colère attaquent de leurs aiguilles
pointues et tordues la faune aquatique qui cherche à prendre
domicile dans leurs racines fragiles et meurtries.
Le
grand chêne portant Brasélia avance encoe. Il touche presque la
terre sèche.
Dans
un dernier effort il s'aggrippe aux rives escarpées, tout heureux de
nourrir son aubier blessé. L'émotion l'envahit. Il tremble de
toutes ses feuilles. Dans son émoi, il a laissé tombé Brasélia.
La vigilence du vieux chêne a convaincu Brasélia que les dieux la
protègent et elle s'assoupit, confiante, en caressant l'écorce de
son arbre qui l'a menée en terrain inconnu, mais sec.
***
Battement
d'ailes et bruits perçcants tirent Brasélia de sa léthargie. Une
multitude de mouettes s'agitent autour de son corps transi. Elles lui
tournent autour et foncent sur elle, l'invitant à se réveiller.
Telle une invite, elle s'entêtent à lui indiquer la lumièere qui
perce le ciel sombre au loin. Elles ne cessent leurs voltiges que
lorsque Brasélia se lève enfin et poursuit sa route. Alors, toutes
ailes déployées, elles s'élèvent grâcieusement en un chant de
victoire transportant l'âme de Brasélia là …
...là
vers la montagne qui semblait de feu et qui l'accueille avec douceur.
La tiédeur de l'air et les odeurs intimes de la terre la grisent
tout à fait. Toute manifestation de vie prend figure de renouveau,
de naissance. De l'érable centenaire à la mousse tendre et humide.
Du papillon qui s'envole à la chenille qui s'enveloppe et s'endort.
Un félin à la robe d'or porte Brasélia près d'un lac à l'eau
si claire, si chaude, si enveloppante … Le félin l'y dépose et
ronronne de bonheur en voyant Brasélia qui se laisse emporter par ce
fluide chaleureux. Bercée par l'onde qui la calme, elle flotte
maintant éblouie de lumières toutes plus colorées les une que les
autres.
Puis
l'onde se transforme en lumière qui bientôt s'éteint.
Puis les son toujours de plus en plus loin couvert d'un silence
serein. Puis les idées qui s'éloignent.
C'est le vide, le néant qui avale sa vie ….. et les
mots qui s'éteignent …
partir … mon seul compagnon … nage turgen et te noyer … et
les lettre aussi sdr;uweago
...'armer de bravoure ou encore … et les
… aiss éé gs … aw?;adgs qui disparaissent de sa mémoire
…. et le language …
Tout n'est
plus que vide.
Grand vide.
Fggjsftsjkmkfsm..
…
Vide.
Puis
un choc vertigineux la pousse, plus fort, plus fort et plus vite..
elle se laisse pousser sans combatte puis tombe et tombe et tombe et
descend sans arriver à s'aggripper à la paroi qui l'entoure amenée
par un liquide tiède aux odeurs sucrées. Paroi lisse et douce,
teintée de rose, de rouge, de rouge sang ...
Une
grande brûlure causée par l'air dans les poumons et un cri, un
braillement … de douleur et de surprise. Ce cri, ce braillement,
ces sons émanent bien d'elle? …
Puis
une douce chaleur, puis de légères caresses, puis un sein
regorgeant de miel savoureux …
Puis
des voix … des rires de joies, des murmures à son oreille, des
voix nouvelles, et des mots nouveaux et une voix douce, aimante,
heureuse qui lui murmure un nom nouveau : Magellan.
Magellan
est né aujourd'hui, en ce debut du quatrième mois de l'an 1520.