lundi 27 janvier 2014












Renaissance


Je reviendrai
en ce monde merveilleux
malgré les tempêtes
et les siècles qui passent

je ne peux me résoudre
à quitter à tout jamais
ce palais qu'est la vie

les gens changent avec les temps
les gens changent avec les gens
nous restons malgré tout
toujours de grands enfants

sans souvenir et sans mémoire
sans foi ni loi
comme si aujourd'hui
c'était la fin du monde
et que jamais d'autres temps
ne nous avaient appartenu.




En ce onzième siècle de notre ère, vit une jeune femme fortement courageuse. Malgré le fait qu'elle tremble devant le sentiment d'urgence qui l'habite depuis son opinion faite, sa décision est prise. Malgré les risques qu'elle comporte, l'effrayant et l'attirant, la tenant en éveil tard le soir ou tôt aux petites heures du matin sa décision reste irréversible. Un sentiment d'aventure, plus grand encore que ses craintes, nourit son âme et rien ne la fera changer d'avis. Elle partira vers ce faisceau de lumière qui depuis quelques jours fascine et effraie tout le clan. Un torrent de grèle tombé du ciel, la fureur du vent infiltré jusqu'aux abris les plus sûrs, un ciel apesanti coloré de noir a alarmé toute la tribu. Puisqu'elle est la seule à entendre cet appel intérieur qui l'attire vers les montagnes menacantes de l'horizon, la solitude sera son compagnon.

Tandis que tous les gens au regard sombre et triste sont menés d'une démarche funèbre hors du village, s'éloignant le plus loin possible du faisceau menaçant, elle, planifie se rendre au cœur de ces monts tremblants. Ces monts cachant sans doute des dangers tous plus effrayants les uns que les autres, ces montagnes éloignées certe mais tout de même menaçantes qui risquent de s'effondrer, de prendre feu, de tout anéantir de lui ravir sa vie. Mais attendre patiemment ici la destruction, la mort, ou fuir .. .
s'armer de bravoure demande moins de courage que l'attente exigerait de patience
ou la fuite d'humilité, alors elle se prépare à partir priant ses dieux.

Ses dieux la protégeront des dangers qu'elle pressent dans son sommeil agité. La bise qui s'infiltre dans sa grotte pourtant bien protégée, l'angoisse et le stress secouent son corps fiévreux de stress. Depuis trois lunes qu'elle observe cette colonne lointaine qui s'habille de rouge lumineux tout juste avant que ne se taisent les champs. L'accalmie règnant alors emplit l'air d'une chaleur tiède... Tombe ensuite une douce pluie chaude, comme une promesse que le temps a terminé de manifester sa colère mais après quelques heures, la colonne de feu reprend sa paleur initiale et le ciel tombe, dru, dur, glacial. Elle attend donc le signal de l'horizon rouge avant d'affronter ses craintes, de partir.







Fonçant vers l'inconnu, elle dompte ses peurs et ses angoisses. L'herbe des champs, noyée, tombe affaissée de trop de pluie. Les gémissements de Brasélia accompagnent le vent mais elle continue tout-de-même d'avancer. Elle s'agrippe aux herbes encore hautes qui tentent désespèrément de se retenir au sol ramolli. Seules les racines les plus fortes touchent encore sec. Brasélia fonce. Défonce ces herbes encore hautes. Trempée de sueur et de peur, rampant plus que marchant, elle combat le sol qui veut la boire. Ses pieds lourd, embourbés, ont peine à suivre le chemin qui mène à la lumière. Brasélia redouble d'effort, s'essouffle. Elle appercoit enfin le sous-bois. Il fera bon s'y reposer. Plus que quelques pas. Un grand chêne s'agite au-loin, gesticule de ses branches, comme pour appeler. Brasélia tombe, engloutit par la fange, bouffée par la terre.



NON NON !!!

Elle rampe, s'étouffe, suffoque. Tout se vêt d'ombre et de noir.


Un murmure sourd tire Brasélia de son sommeil et la ramène peu à peu à la conscience. L'odeur nauséabonde qui lui pique le nez finit de la réveiller tout à fait. Elle hésite à ouvrir les yeux tant les bruit insolites qui l'entourent en sont de plaintes et de douleurs. Tout à coup, une gifle. Les yeux exorbités, elle tremble au spectacle qu'elle découvre.

L'eau du fleuve déborde de son lit en un orageux torrent emportant tout sur son passage. Seuls les arbres grands et forts restent debout devant cette mer trouble et imprévue.
Des cadavres flottent sur l'eau. Tous les grands arbres tiennent sur leurs branches des rescapés épuisés. La vie de Brésila ne s'est pas éteinte …

Le grand chêne qui gesticulait tantôt l'a happée au passage. Blottie dans un profond sillon de son tronc, campée près d'une grosse branche tordue de l'arbre, elle remercie ses dieux de lui prêter encore vie. Le chêne, encore droit malgré la tempête, tente désespérément de s'arracher au fleuve colérique. Chacun de ses gestes fait trembler la terre qui se laisse emporter. Les racines saignantes tombent, leur cambium atteint de mille parasites luttant eux aussi pour leur survie. Des nuées de moustiques attaquent les ilôts de vie qui résistent encore. Un grand frêne fouette l'air de ses samares avant de tomber, emporté par le courant. On ne voit plus que la cime d'un peuplier ça et là tentant désespérément de rester droit. Les saules ont cessé de pleurer et nagent maintenant , toutes branches agitées, vers la montagne qui brille au loin. Les épinettes, rouges de colère attaquent de leurs aiguilles pointues et tordues la faune aquatique qui cherche à prendre domicile dans leurs racines fragiles et meurtries.

Le grand chêne portant Brasélia avance encoe. Il touche presque la terre sèche.
Dans un dernier effort il s'aggrippe aux rives escarpées, tout heureux de nourrir son aubier blessé. L'émotion l'envahit. Il tremble de toutes ses feuilles. Dans son émoi, il a laissé tombé Brasélia. La vigilence du vieux chêne a convaincu Brasélia que les dieux la protègent et elle s'assoupit, confiante, en caressant l'écorce de son arbre qui l'a menée en terrain inconnu, mais sec.

***

Battement d'ailes et bruits perçcants tirent Brasélia de sa léthargie. Une multitude de mouettes s'agitent autour de son corps transi. Elles lui tournent autour et foncent sur elle, l'invitant à se réveiller. Telle une invite, elle s'entêtent à lui indiquer la lumièere qui perce le ciel sombre au loin. Elles ne cessent leurs voltiges que lorsque Brasélia se lève enfin et poursuit sa route. Alors, toutes ailes déployées, elles s'élèvent grâcieusement en un chant de victoire transportant l'âme de Brasélia là …

...là vers la montagne qui semblait de feu et qui l'accueille avec douceur. La tiédeur de l'air et les odeurs intimes de la terre la grisent tout à fait. Toute manifestation de vie prend figure de renouveau, de naissance. De l'érable centenaire à la mousse tendre et humide. Du papillon qui s'envole à la chenille qui s'enveloppe et s'endort. Un félin à la robe d'or porte Brasélia près d'un lac à l'eau si claire, si chaude, si enveloppante … Le félin l'y dépose et ronronne de bonheur en voyant Brasélia qui se laisse emporter par ce fluide chaleureux. Bercée par l'onde qui la calme, elle flotte maintant éblouie de lumières toutes plus colorées les une que les autres.

Puis l'onde se transforme en lumière qui bientôt s'éteint. Puis les son toujours de plus en plus loin couvert d'un silence serein. Puis les idées qui s'éloignent. C'est le vide, le néant qui avale sa vie ….. et les mots qui s'éteignent … partir … mon seul compagnon … nage turgen et te noyer … et les lettre aussi sdr;uweago ...'armer de bravoure ou encore … et les … aiss éé gs … aw?;adgs qui disparaissent de sa mémoire …. et le language …

Tout n'est plus que vide.

Grand vide.


Fggjsftsjkmkfsm..

Vide.



Puis un choc vertigineux la pousse, plus fort, plus fort et plus vite.. elle se laisse pousser sans combatte puis tombe et tombe et tombe et descend sans arriver à s'aggripper à la paroi qui l'entoure amenée par un liquide tiède aux odeurs sucrées. Paroi lisse et douce, teintée de rose, de rouge, de rouge sang ...


Une grande brûlure causée par l'air dans les poumons et un cri, un braillement … de douleur et de surprise. Ce cri, ce braillement, ces sons émanent bien d'elle? …

Puis une douce chaleur, puis de légères caresses, puis un sein regorgeant de miel savoureux …

Puis des voix … des rires de joies, des murmures à son oreille, des voix nouvelles, et des mots nouveaux et une voix douce, aimante, heureuse qui lui murmure un nom nouveau : Magellan.


Magellan est né aujourd'hui, en ce debut du quatrième mois de l'an 1520.

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